Domaine, terre et influence : la carte cachée des grands propriétaires
Du Moyen Âge jusqu’au tournant du XXe siècle, la Hague fut le terrain de vastes possessions. La carte du cadastre napoléonien de 1827 (archives départementales de la Manche) atteste d’une concentration des terres dans les mains d’une poignée de familles – Le Chevalier, de Cussy, du Moncel, Letellier, et plus récemment, quelques notables bourgeois du XIXe siècle.
- La famille Le Chevalier, dont le manoir de Branville surveille encore les champs, apparaît dès le XIVe siècle dans les chartes. Leur domaine englobait à l’époque plus de 150 hectares de terres, granges et pâturages, s’étendant jusqu’aux franges des landes.
- Les de Cussy, apparentés à la noblesse normande, se sont longtemps illustrés par une bienveillance paternaliste : on leur doit plusieurs donations aux écoles rurales (voir Archives Départementales de la Manche).
- Toutes ces familles avaient un point commun : un contrôle de fait sur les emplois agricoles, la gestion de la forêt, la location des fermes, et donc, sur l’économie du village.
Au-delà des chiffres, cette répartition spatiale créait un maillage serré d’influences : jusqu’au XIXe siècle, près de 70 % des terres agricoles de Branville-Hague dépendaient de ces grandes familles. Les petits exploitants, fermiers « à portion », partageaient leur production en nature avec leur bailleur, souvent dans une relation teintée à la fois de respect et de dépendance.